Typology >Jardin temporaire

Cette forme d’organisation, qui trouve sa source plutôt dans une poésie urbaine que dans une misère sociale (en ce qui concerne nos villes européennes), sécrète ses propres lois esthétiques et compense par la sensibilité la rudesse de ses dispositifs de composition. Le lieu prélevé à la propriété de tous reste ouvert et accessible jusque dans la conception. Ses fondateurs n’y exercent qu’une autorité de bon sens organisationnel et pratique venant de la connaissance du terrain.

La possibilité de vivre en ville entièrement du travail de ses mains est une des plus belles démonstrations d’autonomie offerte par les communautés vivant sur ces surfaces temporairement. Nécessité fait loi et la confrontation quotidienne trouve des solutions viables souvent insoupçonnées pour un véritable travail de 4 à 6 heures par semaine. La production s’y installe vite et peut générer une activité économique stable en une forme d’accueil ou de restauration, créative et ludique. La gestion des déchets, spécialement, constitue une source créative et de poésie efficace dans son lien avec les végétaux.

L’activité implantée prend alors un essor humain car elle marque par une réussite ayant valeur commune. Comme l’initiative et la créativité qu’elle partage à tous permettent parfois un regroupement de milieux sociaux très différents, la décision politique trouve dans cette actualité urbaine une nouvelle valeur de débouché social à la création poétique. Tous, avec leurs cultures et leurs histoires différentes, trouvent des solutions pratiques pour construire et recycler ensemble.

Hors du contexte de la propriété privée, chacun peut rapidement se sentir chez soi à défaut d’y être accueilli. La vocation initiale de lieu public délaissé rassemble dans le cadre parfois austère de certains quartiers où la forte densité a pu faire oublier la petite échelle. La pertinence de la production alimentaire dans cet urbanisme dense est remarquable par le contraste avec les lourdes infrastructures immobilières voisines.

Ces opportunités urbaines spontanées sont régulièrement fichées en marge de la construction de la ville et interdites, voire expulsées. Elles constituent cependant une exploration passionnante de la possibilité de la vie citoyenne et pourraient se révéler porteuses de solutions originales pour l’élévation du niveau de la qualité urbaine des villes à venir. Ces initiatives courageuses sont cependant rarement licites et ne tiennent parfois aucun compte des consensus sécuritaires sur l’occupation de l’espace public.