L’espace libre et l’espace boisé s’ouvrent et se referment en accrues. Cet espace de production, un lieu difficile à fixer spatialement, atténue le contraste entre la hauteur du bois et l’espace ouvert. Des cultures aux hauteurs étagées descendent progressivement depuis les arbres de la forêt jusqu’aux cultures annuelles sur une centaine de mètres.

La forêt permet de multiples stratégies de production alimentaire. La champignonnière de sous-bois utilise l’ombre et l’humidité des structures boisées, l’ouverture d’une clairière met en lumière une terre fertile, la frange de permaculture s’approprie les vertus naturelles de la forêt en installant son système productif forestier, sans oublier la cueillette traditionnelle qui peut fournir chataîgnes, faînes des hêtres, pignons de pins, champignons et petits gibiers en appoint alimentaire.

Le travail en sous-bois est riche et dynamique car l’ambiance sylvicole, porteuse pour les sens, est chargée des contrastes de lumière et d’odeur. Les projets de production nécessitent une organisation par équipe puisque les travaux laissent une place à chacun. Des forestiers pourraient s’occuper d’un gros œuvre mécanisé tandis que les citadins ordinaires seraient dans une dimension jardinière. Les enfants, retraités et handicapés participent par leurs encouragements en des travaux soignés et nécessitant moins d’apport physique. Ces équipes mixtes gagnent en productivité et en satisfaction, chacun ayant eu selon ses dons.

La ville européenne garde souvent un contact frontalier avec une forêt ancienne, à moins qu’elle ne l’ait incluse dans l’un de ses grands parcs urbains. La lisière forestière est un rideau d’arbres qui permet d’entrer dans le sous-bois pour y trouver une ambiance naturelle ressourçante et dépaysante. La récolte alimentaire dans cet espace aurait un fort impact sur les citadins qui passeraient plus de temps en milieu forestier.

Par la nécessité de rajeunir les arbres, ces lieux à fort imaginaire romantique aux arbres matures se verraient transformés. En effet, les parcs à gestion forestière nécessiteraient des régénérations structurantes par le recépage qui, tout en fixant une grande quantité de carbone de l’air urbain lors de la repousse, suppriment les beaux arbres anciens.